Mosaique http://www.peren-revues.fr/mosaique Créée en 2008, la revue Mosaïque est destinée à accueillir principalement des contributions de doctorantes et de doctorants ainsi que de jeunes docteurs. Elle est animée par des jeunes chercheurs en sciences humaines, issus de disciplines diverses (principalement l’histoire, la philosophie et la littérature). fr Appel à contributions : n°23 de la revue Mosaïque http://www.peren-revues.fr/mosaique/2495 La revue Mosaïque, revue de jeunes chercheuses et chercheurs en sciences humaines, lance un appel à projet de numéro pour son numéro 23, à paraître au printemps 2025. La revue Mosaïque est une revue interdisciplinaire à comité de lecture, éditée par l’université de Lille et diffusée en Open Access sur le portail Péren (https://www.peren-revues.fr/mosaique/). Les champs disciplinaires principaux – mais non exclusifs – de la revue sont l’histoire, la littérature et la philosophie. Le numéro 23 consistera en la publication d’Actes (éventuellement enrichis) d’un événement scientifique organisé ou coorganisé par des jeunes chercheuses et chercheurs. Il sera prêté une attention particulière aux propositions mobilisant plusieurs disciplines. Sont publiés en priorité des articles écrits par des jeunes chercheuses et chercheurs, mais un ou deux articles pourront avoir été écrits par des chercheuses ou chercheurs confirmés ayant participé à l’événement. Les personnes qui coordonnent sont responsables de la collecte des propositions d’articles et s’engagent à en faire une première relecture. Les articles sont ensuite évalués par la revue, et ceux qui passeront avec succès le processus de relecture seront publiés au printemps 2025. Les propositions de publication devront comprendre les éléments suivants (dans l’ordre) : Nom, Prénom des coordinatrices et coordinateurs (entre 2 et 4) ; Leurs adresses e-mail ; Leurs affiliations ; Un bref CV académique de chaque personne ayant contribué à l lun., 19 févr. 2024 00:00:00 +0100 http://www.peren-revues.fr/mosaique/2495 Introduction http://www.peren-revues.fr/mosaique/2356 Les humanités environnementales et l’Anthropocène Lorsque Donna Haraway (2016) propose le terme de « Chthulucène » pour penser le cadre historique dans lequel s’inscrivent les humains, elle cherche une notion capable d’enchevêtrer différentes temporalités et spatialités, en y incluant toutes les créatures « chthoniennes », les créatures de la Terre et des profondeurs. Avec ce concept, Haraway interroge notre place parmi les vivants et notre rôle dans les transformations de la Terre sur un mode moins anthropocentrique que celui de l’Anthropocène. Il n’est plus seulement question de savoir si les humains ont « façonné » la Terre, comme le suggèrent l’Anthropocène et tous les récits géo-constructivistes qui y sont associés, mais de mettre en exergue les interactions de multiples puissances d’agir, humaines et « autres qu’humaines », qui ont participé à sa composition1. S’il n’est pas toujours pertinent d’inventer de nouveaux termes pour décrire un phénomène ou une période, celui-ci révèle bien le rôle critique que peuvent jouer les humanités environnementales vis-à-vis des enjeux écologiques contemporains. Cela ne signifie pas que ces disciplines se sont développées en opposition aux sciences du système Terre (qui étudient les processus physiques, chimiques, biologiques et géologiques de la planète en tant que système interconnecté), mais qu’elles ont contribué à formuler autrement les questions à propos de périodes de catastrophes sociales et environnementales que nous vivons. lun., 05 févr. 2024 00:00:00 +0100 http://www.peren-revues.fr/mosaique/2356 Le travail humain de la Terre http://www.peren-revues.fr/mosaique/2363 Le travail de soin des êtres et de leur milieu semble être le propre de l’animal laborans. Par ce labeur toujours recommencé, les humains expriment leur vie biologique dans un milieu, la Terre, avec lequel ils sont en perpétuelle relation. Enfermer les humains dans le labeur, c’est peut-être les priver des activités qui relèvent davantage de l’œuvre et de l’action et qui sont, selon Arendt, proprement humaines. Pourtant, assumer la nécessité du travail de soin est essentiel pour ne pas briser davantage la Terre, condition de la vie humaine. La Terre n’est pas le fruit de notre œuvre, de notre action, mais la condition de toutes nos activités : il est démesuré de prétendre reconstruire la Terre ou reconstituer un milieu de vie artificiel extraterrestre. D’un côté, en assumant le travail nécessaire de soin de la Terre, les humains œuvrent et agissent ; d’un autre côté, si les conditions de l’œuvre et de l’action sont menacées, c’est en raison de l’oubli du travail de soin de la Terre. The care work for beings and their environment seems to be the nature of the animal laborans. Through this ever-renewed labour, humans express their biological life in an environment, the Earth, with which they are in perpetual relationship. To confine humans to labour is perhaps to deprive them of activities that are more a matter of work and action and which are, according to Arendt, properly human. However, assuming the necessity of care work is essential in order not to break the Earth, the condition of human life, any further. The Earth is not the fruit of our work, of our action, but the condition of all our activities: it is disproportionate to claim to rebuild the Earth or reconstitute an artificial extraterrestrial living environment. On one side, by assuming the necessary care work for the Earth, humans are working and acting; on the other side, if the conditions for work and action are threatened, it is because of the neglect of the care work for the Earth. lun., 05 févr. 2024 00:00:00 +0100 http://www.peren-revues.fr/mosaique/2363 Sortir de l’Anthropocène par le milieu http://www.peren-revues.fr/mosaique/2373 La notion d’« Anthropocène » a ouvert en écologie tout un champ de réflexion articulant étroitement science et politique, en soulignant l’impact des activités humaines sur l’environnement. Cela étant, il ne s’agit pas d’une notion neutre, en ce qu’elle est au cœur d’un système discursif qui prête une importance centrale à l’Humanité dans l’histoire de la Terre. Le but de cet article est d’aborder la façon dont plusieurs chercheurs et chercheuses (en particulier Donna Haraway, Anna Tsing et Isabelle Stengers) ont récemment proposé d’autres formes de mise en récit de notre époque. Leurs propositions relèvent de ce qu’on peut appeler avec Stengers un « activisme » spéculatif, en ce qu’il s’agit, en pensant autrement notre situation sur Terre, de faire émerger au sein même de l’Anthropocène de nouvelles manières d’habiter notre monde – autrement dit, il s’agit de sortir de l’Anthropocène « par le milieu », pour reprendre une expression deleuzienne. The notion of “the Anthropocene” opened up a new field of reflection in ecology that closely links science and politics, in that it questions the impact of human activities on the environment. However, this notion is not neutral: it is at the heart of a whole discursive system which gives a central importance to Humanity in the history of the Earth. The aim of this article is to discuss the way in which several researchers (including Donna Haraway, Anna Tsing and Isabelle Stengers) have recently proposed other ways of telling the story of our time. Theirs propositions may be considered as a form of what Stengers calls a speculative “activism”: by changing our ways of thinking about our place on Earth, we may contribute to the rise of new ways of living in our world within the Anthropocene itself. Which means we could escape the Anthropocene “from the middle”, to use a deleuzian phrase. lun., 05 févr. 2024 00:00:00 +0100 http://www.peren-revues.fr/mosaique/2373 Contre-anthropologie & pensée sauvage http://www.peren-revues.fr/mosaique/2391 Les tentatives pour repenser le lien entre terre et humains à l’ère du Capitalocène sont aussi nombreuses que délicates : souvent posées dans les termes exclusifs du naturalisme occidental, elles tendent à reconduire ses dualismes fondateurs – nature et culture, sujet et objet, individu et société. Les courants de contre-anthropologie critique ont cherché quant à eux, en adoptant les perspectives indigènes, à décentrer les concepts et méthodes de leur discipline et à dévoiler, à la lumière de la « pensée sauvage », leurs soubassements idéologiques. En explorant au sein de ces bifurcations disciplinaires les formes de relationnalités adossées aux pratiques sociales et aux épistémologies indigènes, cet article se propose de penser une écologie capable de substituer aux entités et identités socio-politiques de la modernité de nouvelles socialités critiques ou transversales. Attempts to rethink the link between land and humans in the Capitalocene era are as numerous as they are delicate: often posed in the exclusive terms of Western naturalism, they tend to reiterate its founding dualisms - nature and culture, subject and object, individual and society. The currents of critical counter-anthropology have sought, by adopting indigenous perspectives, to decentralise the concepts and methods of their discipline and to reveal, in the light of 'wild thought', their ideological underpinnings. By exploring, within these disciplinary bifurcations, the forms of relationality associated with indigenous social practices and epistemologies, this article sets out to consider an ecology capable of replacing the socio-political entities and identities of modernity with new critical or transversal socialities. lun., 05 févr. 2024 00:00:00 +0100 http://www.peren-revues.fr/mosaique/2391 L’éthique écopoéticienne chez Antoine de Saint Exupéry http://www.peren-revues.fr/mosaique/2404 Le regard nostalgique que porte Saint Exupéry sur le monde permet de laisser transparaître son intérêt incontestable pour la nature : bien avant que l’écologie n’imprègne tous les esprits de l’intelligentsia, Saint Exupéry fait entendre la voix d’un penseur d’une écologie traditionnelle et sociale. Au constat pessimiste d’un déclin et face au désenchantement, l’homme nostalgique se fait écrivain, rappelant non seulement la fusion harmonieuse possible et nécessaire entre l’homme et la nature, mais renouvelant aussi l’aspiration romantique à inscrire l’homme au sein du vivant. Précurseur d’une écopoétique, quoique voilée, Saint Exupéry témoigne de sa sensibilité écologique par le biais de l’apologie d’un retour à la terre et d’une éthique de vie paysanne qui nous invitent à repenser notre relation à la nature et ne cessent de questionner les rapports entre l’oikos et les règnes minéral, animal et végétal. Saint Exupery's nostalgic view of the world lets his undeniable interest in nature to come through: long before ecology entered all the intelligentsia's thoughts, Saint Exupery made the voice of a thinker heard a traditional and social ecology. The nostalgic man becomes a writer in the face of a pessimistic observation of decay and disenchantment, recalling not only the possible and necessary harmonious integration of man and nature, but also recreating the romantic aspiration to inscribe man within the living. A forerunner of ecopoetics, albeit a veiled one, Saint Exupéry demonstrates his ecological awareness by advocating a return to the land and an ethic of peasant life, inviting us to rethink our relationship with nature and constantly questioning the relationship between the oikos and the mineral, animal and plant kingdoms. lun., 05 févr. 2024 00:00:00 +0100 http://www.peren-revues.fr/mosaique/2404 Le récit éco-catastrophiste sur la scène théâtrale http://www.peren-revues.fr/mosaique/2420 Depuis quelques années, de nombreux textes dramatiques contemporains se sont attachés à transformer nos imaginaires de la nature afin de provoquer un changement des pratiques. Parmi ceux-ci, on peut notamment remarquer une tendance à « l’éco-catastrophisme », c’est-à-dire au déploiement d’un imaginaire de la crise (explosions, raz-de-marée, tempêtes…), généralement alimenté par des références intertextuelles à des mythes, fables ou légendes de la fin du monde. Cet aspect a été bien étudié dans le domaine des fictions romanesques ou cinématographiques (C. Chélébourg, 2012 ; H.-S. Afeissa, 2015 ; J.-P. Engélibert, 2019), mais reste encore envisagé seulement partiellement au théâtre, malgré le développement par ailleurs d’un champ d’étude liant théâtre et écologie (Sermon, 2021). L’objet de cet article est donc de revenir sur les spécificités de l’éco-catastrophisme sur la scène et d’interroger ses liens avec le développement d’une esthétique tragique, voire d’un possible renouveau de la tragédie. Over the past few years, a lot of dramatic texts have focused on the transformation of our understanding of nature in order to provoke change in our customs. For instance, a tendency to "eco-catastrophism" can be pointed out. This word implies the depiction of an acute crisis (explosions, landslides, storms…), generally supplied by intertexstual references to myths, legends, fables about the end of the world. This aspect has already been analysed in novels and films, but still remains a quite unexplored field in theatre, even if the link between theater and ecology has become more and more considered over the past few years (Sermon, 2021). This paper aims to focus on the specificities of eco-catastrophism on stage and to investigate its links with the development of a dramatic aesthetics, or even the development of a potential revival of the tragedy. lun., 05 févr. 2024 00:00:00 +0100 http://www.peren-revues.fr/mosaique/2420 Entre lichens et poètes : l’émergence d’une sympoétique http://www.peren-revues.fr/mosaique/2429 Si le néologisme sympoïèse signifie « faire ensemble » dans des perspectives écosystémiques et interspécifiques (Dempster, 2000 ; Haraway, 2016), que serait une manière d’écrire sympoétique ? La sympoïèse et la sympoétique se construisent en solidarité avec l’intérêt de la biologie contemporaine pour les processus symbiotiques, et cela me conduira, dans ma recherche d’une écriture apte à imaginer, invoquer et performer une manière sympoïétique de faire monde, à porter une attention particulière aux organismes exemplaires de la symbiose, comme les lichens. J’observerai comment un véritable corpus se constitue autour de l’écriture lichen, en me demandant en quoi la poésie des lichens permet d’entrevoir, à travers la question de l’écriture, jusqu’à une éthique du faire-avec sympoïétique. If the neologism sympoiesis means making or doing with, respectively in environmental and interspecies studies, (Dempster, 2000; Haraway, 2016), what would be a sympoetic way of writing? Sympoiesis and sympoetics are intimately related to symbiotic processes, and this will lead me, in my search of a way of writing apt to imagine, invoke and perform a sympoietic way of living, to pay careful attention to life-forms exemplifying symbiosis, such as lichens. I will take stock of a growing and heterogenous corpus of lichen writing, and read it closely through the lens of the question: how does lichen poetry allow for imagining, through writing, an ethic of making together with, of sympoiesis? lun., 05 févr. 2024 00:00:00 +0100 http://www.peren-revues.fr/mosaique/2429 Qu’est-ce que l’éthique environnementale dans la Chine antique ? http://www.peren-revues.fr/mosaique/2442 Depuis le début du vingt-et-unième siècle, diverses pensées de la Chine antique sont évoquées comme une voie aux antipodes de la détérioration accélérée de notre environnement. C’est à travers l’usage récurrent de termes tels que « éthique environnementale » dans le sens d’une cohabitation harmonieuse entre l’homme et la nature que de nombreuses productions scientifiques, principalement en Chine, édulcorent les discours de la Chine antique au profit d’une réécriture de l’histoire dans le but d’y faire apparaître les précurseurs d’une pensée chinoise environnementale. Or, en analysant et en contextualisant les mêmes discours normatifs datant de l’Antiquité, cet article vise à déconstruire l’idée d’une écologie indigène de la Chine antique en montrant comment les discours relatifs aux actes de destruction de la faune, de la flore et de certains espaces naturels (zones humides et forestières) sont liés à des contextes cosmologiques, religieux, agricoles et politiques complexes. Since the beginning of the twenty-first century, various thoughts from ancient China have been evoked as a way out of the accelerated deterioration of our environment. It is through the recurrent use of terms such as "environmental ethics" in the sense of a harmonious cohabitation between man and nature that many scientific productions, mainly in China, water down the discourses of ancient China in favour of a rewriting of history in order to make the precursors of a Chinese environmental thought appear. By analysing and contextualising the same normative discourses from antiquity, this article aims to deconstruct the idea of an indigenous ecology of ancient China by showing how discourses relating to acts of destruction of fauna, flora and certain natural spaces (wetlands or forests) are linked to complex cosmological, religious, agricultural and political contexts. lun., 05 févr. 2024 00:00:00 +0100 http://www.peren-revues.fr/mosaique/2442 La pollution des sols comme catalyseur pour l’appropriation citoyenne d’une friche industrielle à Montreuil http://www.peren-revues.fr/mosaique/2457 Cet article explore les dynamiques d’une mobilisation collective autour d'une friche industrielle polluée située dans le département de la Seine-Saint-Denis en bordure du quartier des Murs à Pêches, à Montreuil. Il examine comment la toxicité des sols sert de catalyseur pour une appropriation citoyenne et une réhabilitation de la friche. L'article illustre en outre les tensions entre les acteurs associatifs et les autorités publiques, notamment en ce qui concerne la sécurité sanitaire et les méthodes de dépollution. Ce texte se conclut en suggérant que ces controverses peuvent être perçues comme des espaces hybrides où différentes formes de valeur économique, sociale et culturelle sont en jeu, et dont la pollution des sols est un élément actif qui façonne les formes de la mobilisation. This article explores the dynamics of collective mobilisation around a polluted industrial wasteland located in the Seine-Saint-Denis department, on the edge of the Murs à Pêches district in Montreuil. It examines how soil toxicity acts as a catalyst for citizen appropriation and the rehabilitation of the wasteland. The article also highlights the tensions between public authorities and associative actors, particularly regarding health safety and soil decontamination methods. The article concludes by suggesting that these controversies should be seen as hybrid spaces where different forms of economic, social, and cultural value are at stake, and where soil pollution is an active element shaping the forms of mobilisation. lun., 05 févr. 2024 00:00:00 +0100 http://www.peren-revues.fr/mosaique/2457